Notre ADN a-t-il déjà tracé notre destin ?

« Tel père tel fils. »
« Toi, tu finiras comme ta mère ! »

Nous avons tous un jour entendu ces phrases si familières, prononcées sur des tons plus ou moins joyeux, lors de nos douces réunions de famille.
Derrière ces mots se cache une idée bien ancrée : le déterminisme génétique. Cette notion suggère que notre ADN nous condamne inexorablement à être la continuité conforme de notre lignée familiale.
Mais sommes-nous vraiment prisonniers de notre hérédité ?

Des jumelles et l'épigénétique : un éclairage fascinant

Prenons l’exemple de deux jumelles homozygotes, Julie et Sandrine. Bien qu’elles partagent le même génome, elles ne vivront pas les mêmes expériences physiques, comportementales ou émotionnelles. Comment est-ce possible alors que leur ADN est identique ?

La réponse réside dans l’épigénétique, une discipline scientifique qui montre que l’environnement et notre perception de celui-ci influencent l’expression de nos gènes.

Une question de perception

Considérons leur relation avec leur mère.
• Julie, en la voyant, ressent de l’amour. Son cerveau libère des molécules comme la dopamine (plaisir), l’ocytocine (lien) et l’hormone de croissance, qui favorisent son bien-être.
• Sandrine, en revanche, perçoit cette même figure maternelle avec crainte. Son cerveau produit alors des hormones de stress et des agents inflammatoires, plaçant son corps en mode défense.

Ce contraste de perception entraîne des impacts biologiques majeurs. Julie pourrait jouir d’une bonne santé, tandis que Sandrine, constamment en état d’alerte, pourrait développer des troubles comme une prise de poids ou des addictions.

Une influence réversible

Bonne nouvelle : ces impacts peuvent être réversibles. En réduisant les facteurs négatifs comme le stress, une mauvaise alimentation ou des pensées toxiques, nous pouvons améliorer l’état de notre épigénome. Tout converge vers un point clé : notre perception du monde, influencée par nos pensées et notre mindset.

Nous sommes plus que notre ADN

L’épigénétique réfute l’idée que nos gènes dictent tout. Si notre ADN est une partition, nos pensées, émotions et choix de vie en sont les interprètes. Nous avons un rôle actif à jouer dans la création de notre réalité.

Alors, si vous changiez de mindset aujourd’hui, par quoi commenceriez-vous ?

Références :

· Gustafson C. (2017). Bruce Lipton, PhD: The Jump From Cell Culture to Consciousness. Integrative medicine (Encinitas, Calif.), 16(6), 44–50. https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC6438088/

· CEA, (2021) Tout s'explique : qu'est-ce que l'épigénétique ?, https://www.cea.fr/presse/Pages/actualites-communiques/sante-sciences-du-vivant/tout-s-explique-epigenetique.aspx [Accès le 20 novembre 2024]

· Inserm (2017) Épigénétique. Un génome, plein de possibilité !, https://www.inserm.fr/dossier/epigenetique/ [Accès le 20 novembre 2024]

· Harvard University, Center on the Developing Child (2019) Qu’est-ce que l’épigénétique? Et en quoi est-elle liée au développement de l’enfant ?, https://developingchild.harvard.edu/translation/quest-ce-que-lepigenetique-et-en-quoi-est-elle-liee-au-developpement-de-lenfant/ [Accès le 20 novembre 2024]

· Chaix R. (2022) Stress et santé humaine, les nouveaux chemins de l’épigénétique, https://www.mnhn.fr/fr/stress-et-sante-humaine-les-nouveaux-chemins-de-l-epigenetique [Accès le 20 novembre 2024]

· Coustham, Vincent & Andrieux, Charlotte & Collin, Anne & David, I. & Demars, J. & Houssier, Marianne & Lagarrigue, Sandrine & Metayer-Coustard, Sonia & Grasteau, Sandrine & Petit, A. & Carvalho, A. & Zerjal, Tatiana & Pitel, Frederique. (2022). Epigenetics at the interface between environment and DNA: what importance for breeding practices and selection methods?. Animal - science proceedings. 13. 628-629. 10.1016/j.anscip.2022.05.028.

· Kular S. & Kular L. (2019) L’épigénétique comme partenaire de la psychiatrie : vers une approche personnalisée du patient, L'Évolution Psychiatrique, Volume 84, Issue 1, Pages 207-221, ISSN 0014-3855, https://doi.org/10.1016/j.evopsy.2018.05.003. (https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0014385518300446)

Source : Kular S. & Kular L. (2019)

Source : Coustham, V. et al. (2022)

Le cerveau, chef d’orchestre de notre réalité

Notre cerveau est le chimiste en chef. Il traduit nos perceptions en signaux biochimiques qui modulent le comportement de nos cellules. Chaque expérience laisse des marqueurs épigénétiques sur notre ADN, activant ou inhibant certains gènes. En d’autres termes, notre mode de vie sculpte notre ADN au fil du temps.
Un génome identique peut donc donner naissance à une multitude de réalités selon les interactions avec l’environnement.

Ce que cela signifie pour nous

Voici une révélation essentielle : nos perceptions influencent l’expression de nos gènes. Cela façonne non seulement notre corps, mais aussi nos comportements, nos habitudes et, au final, notre réalité.

Plus surprenant encore, ces changements épigénétiques pourraient être transmissibles à la génération suivante. Nos choix de vie laissent ainsi une empreinte durable, mais cela ne signifie pas que tout est figé.